mercredi 2 septembre 2020

::: Habiter en oiseau ou l'invention d'un territoire par Baptiste Brévart ::

 

Baptiste Brévart est un artiste perché qui a les pieds sur terre. Il propose une installation hors norme, Hôte doux hôte, dans le square Olivier de Magny : La construction-exposition d’un nichoir à oiseaux, à échelle humaine, accroché à un arbre. Il a l'intention de s'y installer...


Le salon d'Anatole, 2019, installation, copyright, brévart ettlinger (Réplique du salon d'Anatole Patouchard en bois récupéré)


Il a quelque chose du baron perché chez Baptiste Brévart, trop sensible pour habiter en territoire humain, car très engagé dans l'intérêt général et très accroché à l'essence de l'art. Ingénieur de formation, diplômé de l'Ecole nationale supérieure d'art de Bourges, Baptiste Brévart ne cache pas son tropisme survivaliste quand il évoque la nature, les grands espaces et notre monde contemporain, trouvant finalement dans le jardin l'apaisement d'un temps présent.  "Quand je jardine, lorsque je regarde un paysage ou observe le vivant, c’est le temps que je perçois et cette notion influence directement mon travail. J’ai la sensation, plutôt agréable, de percevoir que ni l’éternité ni l’immédiateté ne font partie de notre expérience", explique Baptiste Brévart. Quelle sagesse... Pour autant, est-il sage de créer un nichoir à taille humaine et de s'y installer? La réponse est oui. Pour prendre de la hauteur, pour fuir l'agitation d'un système à l'agonie, pour l'acte poétique et pour la question éthique : comment habiter ce monde en symbiose ?


Mon appartement, 2010, performance - installation, carton, CP 5mm, bois, boulons, écrous, copyright Brévart (Installation d'un lieu de vie dans un espace inoccupé d'un bâtiment public pendant trois mois.)


Hôte doux hôte est donc le projet de construction/ exposition d’un nichoir à oiseaux, à échelle humaine, accroché à un arbre dans un square. Il intègre l’espace urbain du square Olivier de Magny à Cahors, telle une douce anomalie. Basée sur un principe d’entraide, l’installation est réalisée en bois (ou apparenté) collecté auprès des habitants de Cahors sur une structure de charpente sanglée au tronc. Mais Hôte doux hôte n’est pas uniquement une sculpture de nichoir, c'est aussi, le temps de sa construction, un espace en transformation - un lieu de vie, un espace de médiation, de transmission ou simplement de discussion. L’installation dialogue avec son contexte architectural urbain par sa forme archétypale (charpente / murs / toit), à la fois en rupture avec son environnement et connue de tous, mais aussi par sa dimension narrative : cet espace est habité (refuge, observatoire…). 

Evidemment, cette narration va susciter la curiosité (et la reconnaissance des morceaux de bois donnés) parmi les habitants et visiteurs. Elle laissera aussi le souvenir collectif de l’événement et du nichoir à drôle d’oiseau. 

"Ce nichoir, par sa forme manufacturé atypique (maisonnette avec un trou circulaire, simplement agrandi), ressemble à cet objet que l’on retrouve dans de nombreux jardins. Il scrute la relation symbiotique qu’entretiennent les humains entre eux et avec une espèce en voie de raréfaction, les oiseaux" explique Baptiste Brévart. Hôte doux hôte rappelle la présence d’une époque en mouvement et de ses questionnements et est un des reflets d’un monde en mutation, mais bel et bien en vie."

  • Hôte doux hôte, installation, Square Olivier de Magny (Cahors)
  • Montage, installation et résidence du 15 septembre au 4 octobre
  • Appel à don de planches de bois fines, ayant vécu, pour compléter le nichoir
  • Crédit photos : brévart-ettlinger