Alice Freytet, plasticienne paysagiste, précieuse conseillère pour Cahors Juin Jardins et les jardins paysage en Vallée du Lot, n'en finit pas de nous surprendre! Invitée à créer un jardin éphémère dans le patio du Chai (auberge de jeunesse de Cahors), elle a réussi avec Renaissance, la symbiose du contemporain de l'édifice avec le foisonnement du végétal.
Il est paraît-il / Des terres
brûlées / Donnant plus de blé / Qu’un meilleur avril,
Et quand vient le soir / Pour qu’un ciel flamboie /Le
rouge et le noir / Ne s’épousent-ils pas ? Partant des paroles d’une
célèbre chanson de Jacques Brel, Alice Freytet, a imaginé, dans
cet espace sobre et structuré aux lignes architecturales géométriques, la
renaissance d’un jardin luxuriant dans une forêt brûlée. En toile de fond, la
robe noire et blanche de l’édifice à l’intérieur duquel surgit en contraste,
couleur et luxuriance. Une renaissance qui résonne avec la thématique 2018 du
festival Cahors Juin Jardins : Demain se rêve (la tentation des forêts). A
l’heure où les forêts se consument à des fins consuméristes, rêvons d’une
économie plus sage qui progresse en symbiose avec la nature....
A découvrir au Chai, auberge de jeunesse de Cahors, 52 avenue André Breton.
RENAISSANCE
Alice Freytet, paysagiste d.p.l.g
Bois calciné, feuillage dense et vert,
plantes à floraison orangée rouge
Cahors Juin Jardins était invité cette année et pour la première fois, par le musée des Augustins à Toulouse dans le cadre de la manifestation nationale des Rendez-vous aux jardins. L'artiste Anaïs Lelièvre a proposé Pnnaculum, une installation en dessin et en volume. Une multiplication de pinacles a envahi le jardin du Cloître. Ils émergent de terre tels une archéologie inversée révélant une architecture de cristaux, minérale et sépulcrale. Photos de Philippe Cadu
Ce projet Pinnaculum s’enracine dans l’histoire
complexe de l’architecture du couvent puis du Musée des Augustins, avec ses
multiples mutations (changement de fonction, transformations du bâti par
démolitions, rénovations, restauration…). L’aspect stable et imposant du
bâtiment s’appréhende dès lors dans sa dimension temporelle et transitoire, qui
interroge aussi sur son devenir, ouvrant l’imaginaire à d’autres évolutions
possibles.
Evoquant ses pinacles (pointes
les plus hautes d’une architecture gothique), des volumes enfoncés dans la
terre, semblent pousser du jardin d’inspiration médiévale, parmi les végétaux
en germination. Tel un bâti souterrain, émergeant partiellement en surface, ils
suggèrent une suite encore enfouie et invitent ainsi à une sorte d’archéologie inversée :
projection d’un futur impossible, et basculement incertain entre percée du bâti
et fouille imaginaire. En écho avec les cyprès du jardin qui tendent à s’élever
aussi haut que les pinacles, ces sculptures sont constituées d’un dessin d’un
entrelacs de racines coupées de « faux cyprès » (Cyprès de Lawson). Les tracés
vibrants en dématérialisent l’image telle un disegno intérieur, dessein mental, autant qu’ils en transcrivent
les flux qui animent des processus de croissances ou de métamorphoses, tant
végétales qu’architecturales.
En ramenant les pinacles de leur hauteur céleste
au sol de terre, le projet ravive aussi leur terreau originel : l’analogie
entre le style gothique et les forêts a animé les plumes littéraires de Goethe,
Chateaubriand notamment, et révèle l’architecture comme une cristallisation de
forces de la nature. Aussi, plus largement, dit-on planter des graines et
planter des fondations, planter sa tente, s’implanter sur un territoire… Entre
la dynamique du processus de bâtir et les principes biologiques de germination et de croissance, des
coïncidences se ramifient, de formes, de langage, d’histoire et d’imaginaire
collectif.
« Les hommes ont pris dans les forêts la
première idée de l’architecture. »
François-René de Chateaubriand
« Avec la multitude de ses excroissances,
les tours et les tourelles, les arcs-boutants, les gables, les pinacles, elle est, de
l’extérieur, pareille à la forêt. A l’intérieur, on y retrouve les fières
voûtes d’une allée d’arbres gigantesques. Sa nature est végétale, mais c’est
aussi une végétation de cristaux, une
floraison de polyèdres qui se répètent à l’infini, toujours plus grands,
toujours plus hauts et qui s’émiettent, taillés toujours d’une même
façon. »
Jurgis
Baltrusaitis, à propos des analyses de l’architecture gothique
par Friedrich Schlegel
Le quatrième « Work In Progress » de 2018 est consacré à Vadim Otto Ursus. Il nous propose un repas préparé avec des conserves issues de récoltes sauvages dans une forêt proche de Berlin, associées à d'autres ingrédients, herbes sauvages, viandes locales, produits bio trouvés autour de Cahors. Il nous invite à la curiosité à travers une découverte ou une redécouverte de goûts authentiques issus de la nature. Vidéo réalisée par Alain Astruc. https://vimeo.com/273100320
Le troisième « Work In Progress » de 2018 est consacré à Colson Wood. Son installation prend la forme d'un pont en bois constitué à la base d'éléments simples pour finir par donner un lien solide élégant et organique entre deux arbres. Retrouvez l'œuvre dans son stade final à partir d'aujourd'hui, dans le square Olivier de Magny. Vidéo réalisée par Alain Astruc. https://vimeo.com/272950480