Cahors Juin Jardins s'offre une pause estivale. Et pour occuper la torpeur des jours de canicule, un peu de lecture... Voici en avant première la note d'intention de l'édition 2016, en attendant la reprise de septembre qui s'annonce riche et fertile!
Pour sa onzième édition, le festival Cahors Juin
Jardins 2016 s’intéresse au jardin en mouvement. Tout bouge dans notre monde.
Un flux incessant circule (d’informations, de datas, de molécules, d’espèces végétales,
d’individus, de courants de pensées, de points de vue, etc.), imposant son
rythme, son agitation et son intelligence vive à la lenteur, à la contemplation
et l’immobilité. Cahors Juin Jardins invite les artistes plasticiens, paysagistes,
designers, architectes, etc. à inventer un sens à ce mouvement.
Le jardin en mouvement, c’est d’abord une théorie
développée par Gilles Clément, paysagiste contemporain mais aussi jardinier,
botaniste, biologiste, artiste, auteur, etc. Un paradigme fondé sur le
mouvement physique des espèces végétales sur le terrain, qu’il soit naturel ou induit.
Inspiré de la friche,
cet espace de vie est laissé au libre développement des espèces qui s’y
installent. Le botaniste conseille de « faire avec, plutôt que lutter
contre », car de ce libre développement, de cette spontanéité, de ce
désordre, peut naître l’émerveillement.
Au croisement des disciplines artistiques, botaniques et
humanistes, le jardin en mouvement tend vers sa métamorphose, physique, poétique
et collective.
- Il renvoie au dynamisme des couleurs et à la lumière, à la
représentation figurée ou réelle du mouvement, à l’effet d’optique et à l’ambivalence
de la perception, aux formes et aux transformations, à l’instabilité
visuelle et à la vitesse.
- Il suggère aussi par antinomie et analogie, le ralentissement, la
résistance au flux, le désir de sérénité, comme cet Homme tranquille – Man
Still, de Gilles Barbier, qui à force de quiétude et d’immobilité finit
par se végétaliser.
- Il questionne enfin l’expérience sociale et écologique à travers
une conscience environnementale et des défis planétaires. Le jardin en
mouvement est le lieu du partage et de l’échange avec le regain des
jardins collectifs qu’ils soient ruraux ou urbains. Il est le lieu de la citoyenneté
et de la réappropriation du territoire. Il est notre nouveau luxe et son
enjeu politique.